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La vallée de Oaxaca
La vallée de Oaxaca
Voici une autre destination reportée que nous attendions avec impatience. Nous enchaînons donc les périples. Après quelques jours à Puebla, retour à Mexico 3 jours et nouveau départ vers le Sud, direction la fameuse région de Oaxaca et sa route magique de l’artisanat. 500 km séparent la ville de la capitale. Mais nous préférons nous y rendre en voiture car il y a beaucoup à visiter et beaucoup de souvenirs à rapporter. La réputation de la région en matière d’artisanat et de gastronomie n’est plus à faire.
Après 6H de route à travers le Mexique, nous arrivons donc dans notre petite location à quelques pas du centre-ville. La ville de Oaxaca en elle-même est déjà très belle. De taille moyenne, son centre-ville et son zocalo donnent le ton. Les rues pavées traversent places et parcs ou églises majestueuses se succèdent. La rue est rythmée par les centaines de boutiques d’artisanat, les marchés (tianguis) et vendeurs ambulants, bien présents malgré la pandémie.
Nous trouvons qu’il y a pas mal de monde dans les rues, même s’il y a peu de touristes au final. Nous ne nous en rendons pas trop compte mais les commerçants nous disent qu’en temps normal, la rue est bondée et que les épaules se touchent à certaines heures ! Quelle chance alors avons-nous de voir Oaxaca si peu fréquentée. Même si la contrepartie est de trouver certains musées et sites archéologiques encore fermés…
Côté architecture, Oaxaca est typique des villes mexicaines, avec ses maisons basses et très colorées. Nous visitons la partie la plus touristique mais nous nous éloignons aussi dans les quartiers plus populaires de la périphérie pour arpenter les marchés couverts et découvrir les producteurs de chocolat et de café. Le café est en effet très bon ici. Le chocolat… la grande déception de David ! Les papilles mexicaines étant habituées à manger très relevé (du moins c’est la seule explication que nous ayons trouvée), ils ne font pas de chocolat pur et simple. Ils aromatisent toutes leurs productions avec beaucoup de sucre, des amandes et pire, de la cannelle ! Et quand vous leur demandez « mais pourquoi faites-vous cela ? », ils vous répondent comme si cela était évident « Bien, parce que sinon le chocolat, ça n’a pas de goût !!! » Quel blasphème pour nos oreilles 😁. Même la boisson au chocolat est aromatisée. Nous arrêtons donc de chercher du chocolat de Oaxaca et continuerons à acheter notre Lindt chez l’importateur du coin 😁.
Le café est en effet très bon ici. Le chocolat… la grande déception de David !
Cette petite déception culinaire ne dure pas très longtemps quand nous goûtons aux spécialités locales. Ici aussi, le mole est très populaire. Nous redécouvrons également le guacamole… le restaurant Tizne nous verra plusieurs fois, dans son agréable patio mêlant architecture ancienne et moderne autour d’une fontaine et d’objets d’artisanat de très bon goût. Ce restaurant fait partie de la galerie Voces de Copal où vous pouvez admirer les œuvres de Jacobo y Maria Angeles, dont je vous parlerai plus bas.
Mais revenons au restaurant. Ce dernier pratique une cuisine familiale avec des produits d’une grande fraîcheur. Leur guacamole est un pur régal : seulement de bons avocats écrasés, agrémentés d’une salade de fleurs de courgettes, coriandre, verdolaga (pourpier en français, sorte de petite mâche très savoureuse), et d’autres plantes que nous ne connaissons pas. A côté, on vous sert une sauce macha (piments séchés à l’huile avec graines de sésame, graines de citrouille ou cacahuètes entières, nous en sommes tombés amoureux), quelques chapulines (sauterelles grillées) et une bière pour faire passer le tout. Le bonheur…
Nous essayons également un restaurant appelé le Gozobi, à quelques blocs. Nous mangeons seuls sur le toit-terrasse, sous un beau soleil. Nous goûtons un plat typique appelé « almendrado », filets de poulet en sauce crémeuse aux amandes et piments, tout juste piquant comme il faut, un vrai régal.
Côté gastronomie, nous nous arrêtons là. Oaxaca est aussi la région du Mezcal mais nous connaissons déjà un peu et nous ne voulons pas faire de dégustation par les temps qui courent. Nous complèterons notre découverte culinaire de la région une autre fois !
Oaxaca compte également plusieurs musées et sites archéologiques zapotèques réputés comme le fameux Monte Alban, à 10 minutes en voiture. Malheureusement ce sera le seul que nous pourrons visiter. Mais en même temps, c’est le plus important de la région et un des plus connus du Mexique ! C’était la cité zapotèque la plus importante, et la visite ne nous déçoit pas.
Les vestiges surplombent toute la vallée. Monte signifie « Mont » en espagnol et la cité est construite au sommet de la colline du Jaguar, à environ 400 mètres au-dessus du niveau de Oaxaca. Monte Alban est gigantesque, offrant un panorama que peu de sites que nous avons eu la chance de visiter jusque-là possèdent, sauf peut-être Teotihuacan. Il compte plusieurs structures telles que pyramides, temples, jeu de balle, tombes, observatoire, mais la partie la plus étonnante est celle où sont exposées des stèles en bas-reliefs, connues sous le nom de Danzantes « les danseurs », car elles représentent des personnages à moitié nus se contorsionnant. Nous flânons çà et là sur le site quasiment vide de visiteurs, et nous en profitons au maximum !
Parlons maintenant du cœur de notre séjour : l’artisanat. Oaxaca est LA région par excellence du savoir-faire mexicain. Chaque village alentour possède sa spécialité. Nous en sélectionnons quelques-uns.
San Martín Tilcajete
Nous commençons la route magique de l’artisanat par le village des Alebrijes, un art populaire datant du début du XXe siècle. Initialement réalisés en papier mâché, ces animaux fantastiques ont évolué en sculptures de bois de copal faites d’une seule pièce, ou de plusieurs selon la complexité. Chaque animal est entièrement peint à main levée de motifs zapotèques.
Les artistes les plus connus sont Jacobo y Maria Angeles. Ils exposent dans plusieurs galeries du centre de Oaxaca (Voces de Copal et le centre d’art du gouvernement ARIPO par exemple). Nous avons la chance de pouvoir visiter leur atelier dans le village, au sein d’une sorte d’hacienda où une multitude de petites mains s’agitent pour créer des œuvres magnifiques ! Jacobo et Maria vendent et sont connus dans le monde entier.
Ici, on fabrique des Alebrijes, mais aussi des Tonas y Nahuales, animaux protecteurs dans la culture zapotèque. Selon votre date de naissance, 2 animaux vous sont attribués. Nous apprenons que le lapin et la tortue protègent David tandis que pour moi, ce sont le poisson et le cerf.
Depuis sa création, la fabrique de Jacobo et Maria s’est diversifiée. Aujourd’hui ils ont également une marque de céramique, MOGOTE, avec une production de pièces magnifiques, des bijoux, et surtout ils s’engagent dans la reforestation de l’arbre de copal dans leur région, car il a beaucoup souffert de la fabrication des Alebrijes au siècle dernier. Ils ont également un restaurant et produisent leurs propres ingrédients pour concocter de délicieuses recettes familiales. Lors de la visite, nous avons la chance de pouvoir rencontrer le Maître Jacobo comme ils le nomment, dans son atelier, avec ses élèves, et de les voir travailler sur des toiles rondes, un peu leur marque de fabrique. Nous échangeons quelques mots et passons un moment agréable en les regardant peindre.
Il faut plusieurs mois pour réaliser certains modèles d’Alebrijes, et leur prix est du coup assez élevé. C’est au Centre d’art officiel ARIPO de Oaxaca que nous craquerons pour une des pièces du Maître, dont le travail se reconnaît entre mille : un masque confectionné à l’occasion du célèbre carnaval de Oaxaca. Cette pièce change vraiment de tout ce que nous avons pu voir, car l’offre en matière d’Alebrijes dans la région est énorme. Et d’un atelier à l’autre, chacun a sa spécialité et essaie de sortir son épingle du jeu. L’un peint en relief, l’autre « signe » ses œuvres en ajoutant des chaussures aux animaux (très bizarre), etc… Mais tous ne se valent pas.
Vu que nous sommes en décembre, nous trouvons également des décorations de Noël absolument sublimes, peintes à la main et très raffinées.
La coupe
L’arbre de copal est coupé sans être séché.
La sculpture
La pièce de bois est taillée puis les pièces sont traitées et mises à sécher durant plusieurs mois.
La sous-couche
Une sous-couche de peinture est appliquée.
La couleur
La peinture utilisée de nos jours est l’acrylique mais certains artisans travaillent encore avec des pigments naturels.
La peinture
Le design très détaillé est alors réalisé à main levée par les artistes sur l’ensemble de la pièce.
San Bartolo Coyotepec
Ce village est connu pour le Barro Negro. Les fabriques sont quasiment toutes situées dans la même rue. Cette célèbre céramique noire ajourée est l’invention de Doña Rosa, dont nombre de ses œuvres est exposé dans des musées aujourd’hui. L’entreprise familiale a perduré et elle se visite toujours, proposant à la vente les formes et motifs traditionnels qui ont fait sa réputation.
Tout ne nous plaît pas mais nous dénichons çà et là de petites merveilles, comme la croix de Yalalag, typique de Oaxaca, dont l’origine est un peu floue mais qui apporterait chance et bonheur au foyer.
Teotitlán del Valle
Petit village au pied des montagnes où la quiétude et l’accueil des habitants invitent à la détente. En lui-même, Teotitlán vaut déjà le détour. Sa place et sa petite église avec vue sur les montagnes alentours nous ravissent.
Ici, les familles tissent la laine pour faire les fameux tapis aux motifs zapotèques, typiques de l’artisanat mexicain. Les « Anciens » se mêlent aux nouvelles générations et proposent des motifs emprunts d’histoire, de traditionnel, mais aussi de contemporain.
A Teotitlán comme dans chaque village de la vallée que nous visitons, les artisans exposent à tour de rôle au marché couvert du centre prévu à cet effet. C’est leur seule vitrine touristique officielle. Certains présentent les œuvres de plusieurs familles pour partager et le « tour de garde » change chaque semaine. Pour voir plus de production ou les voir travailler en direct, vous pouvez sonner ou entrer directement chez les gens ! C’est comme cela que ça se passe et les maisons sont laissées ouvertes dans ce but, avec un écriteau vous invitant à passer la porte. Vous débarquez littéralement au milieu de leur vie quotidienne et ils s’arrêtent pour vous accueillir et vous présenter leur travail. C’est si éloigné de notre culture que l’on est gêné mais eux ne le sont pas le moins du monde car c’est comme ça ! L’hospitalité latine 😀.
C’est ainsi que nous entrons dans l’hacienda de la famille Vasquez, dont le travail est réputé. Le papa a gagné plusieurs prix et son œuvre est connue dans tout le Mexique. La qualité de la laine et des designs de ses tapis sont évidents quand on compare, et c’est ici que se portera notre premier choix. Après une petite pause chocolat chaud et café délicieux au Café 40 du centre, nous continuons de flâner dans les ruelles et visitons encore quelques familles avant de rentrer. Sur la route nous faisons une pause à Santa María del Tule pour y voir un arbre millénaire « el Tule », un géant comme nous n’en avions encore jamais vu. Il aurait 2000 ans et mesurerait 58 mètres de circonférence pour 42 mètres de haut. Impressionnant !!
Santo Tomás Jalieza
Le village n’a rien d’extraordinaire en soit mais c’est ici que se fabrique le textile au métier à tisser de ceinture (telar de cintura). Utilisé par les femmes, il a une grande maniabilité et permet beaucoup de flexibilité puisque transportable. Les familles sont ici aussi réunies au marché couvert et nous dégotons de véritables perles, surtout en matière de linge de maison. C’est là que nous nous rendons compte qu’il est vraiment utile d’aller directement à la rencontre des artisans dans les villages et de ne pas rester sur ce qui est proposé dans les boutiques et les marchés de Oaxaca. Hormis les prix qui sont bien sûr plus compétitifs, la variété de l’offre est bien plus grande. Dans les coopératives de Oaxaca, bien souvent vous ne trouvez que du traditionnel, ce que les touristes cherchent le plus. Mais comme nous ne faisons rien comme tout le monde, nous, nous cherchons des motifs contemporains inspiré du traditionnel, et c’est directement auprès des familles que nous le trouvons.
Encore une destination à ajouter sur notre liste « To return » 😀.
A côté des villages de la route de l’artisanat, nous visitons également les villages réputés pour leurs marchés indiens.
Tlacolula de Matamoros
Le dimanche, les rues s’animent aux couleurs et senteurs du marché indien. Très authentique, nous déambulons dans ses allées, accompagnés de musique à tue-tête évidemment, et de l’odeur délicieuse des fruits et légumes, du poulet en crapaudine en train de griller sur les barbecues, et de la grande variété de fleurs et de plantes. On trouve de tout ici. Et nous achetons le fameux sel de gusano, fabriqué avec les vers de l’agave (larves de papillon de nuit). Cet assaisonnement est saupoudré sur des quartiers d’orange servis en accompagnement de la dégustation du mezcal. Nous n’en trouvions pas à Polanco donc nous sommes contents, même si au marché, le sel est vendu directement à côté des larves pour bien vous rappeler ce que vous achetez ! Et le spectacle est plutôt repoussant 😩.
Ocotlán de Morelos
Nous n’y allons pas le jour du marché car nous avons déjà vu celui de Tlacolula mais nous y allons pour voir sa fabuleuse église bleue et blanche, dont nous apercevons la magnifique façade au bout d’une allée de cyprès. Un lieu magique que nous restons à contempler comme des badauds, émerveillés.
Nous décidons d’écourter notre séjour et de rentrer un jour plus tôt car les sites archéologiques de Yagul et Mitla que nous voulions visiter sont fermés. Nous terminons donc par un dernier tour dans le quartier de Xochimilco à Oaxaca, où les familles tissent le coton sur de grands métiers à tisser. Au milieu du linge de table, c’est ici, le dernier jour, que par chance, nous trouvons le chemin de table aux couleurs et dimensions que voulait « mother » !!!!
Pour finir, nous dirions que Oaxaca mérite vraiment que l’on s’y attarde. Et même en y étant restés 10 jours, nous n’avons pas tout vu. D’un côté à cause de la pandémie, et de l’autre car l’offre y est tellement grande qu’il faudrait plusieurs séjours pour en faire le tour. Encore une destination à ajouter sur notre liste « To return » 😀.
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2 Commentaires. En écrire un nouveau
Toujours aussi intéressant et jolies photos !!! un peu de chaleur en ce froid hivernal à Nantes est bien agréable : MERCI
C’est toujours avec grand plaisir que nous suivons vos excursions très instructives. Les photos nous permettent de voyager quelque temps….
Notez que je suis fière d’ être mentionnée sur ce blog mexicain !