Le temps d'une journée...

Metepec

Situé dans l’État de Mexico à environ 1H de route de la capitale, Metepec est le pueblo magico des sirènes et des arboles de vida (arbres de vie). Ses artisans se démarquent par leur maîtrise du travail de l’argile.

La question que l’on se pose en arrivant à Metepec est : pourquoi la sirène ?

Au Mexique, il existe des histoires similaires à nos légendes européennes. L’extrait qui suit vient d’un article du site mexicodesconocido et explique celle de Metepec :

« A Metepec la légende de la Tlanchana est bien connue, dont le nom vient des mots nahuatl atl (eau), tonan (mère) et chane (esprit magique). La tradition dit que c’était une ancienne divinité préhispanique qui vivait parmi les neuf lagunes qui existaient dans la région. Elle était mi-femme, mi-serpent et on dit que si elle était bonne, elle aidait les pêcheurs à avoir des prises généreuses, mais si elle tombait amoureuse de l’un d’eux, sa queue pouvait se transformer en pattes. Pour qu’elle puisse sortir à la recherche de celui qui la captivait, cependant, si elle obtenait un rejet en réponse, sa queue apparaîtrait à nouveau pour empêtrer l’homme et l’emmener au lac, où elle le noyait de dédain.
Actuellement les lagunes ont disparu à Metepec, mais la légende continue. Et grâce aux artisans de l’argile, nous pouvons retrouver sa silhouette dans de nombreux ateliers de la ville, où elle est représentée plus comme un poisson que comme un serpent. Vous pouvez même trouver une grande sculpture d’elle sur la Plaza Juárez au centre de la ville. »
Source : https://www.mexicodesconocido.com.mx/las-sirenas-de-metepec.html

Concernant l’arbre de vie, il a, semble-t-il, une forte signification religieuse à l’origine. C’est une sculpture d’argile construite autour d’un arbre à plusieurs niveaux avec des petits sujets modelés. En général, il a la forme d’un grand chandelier à plusieurs branches pouvant mesurer 15 cm comme 1 mètre de haut, voire plus. C’est LE symbole de l’art populaire mexicain.

Les arbres peuvent être peints de couleurs vives ou plus éteintes, de teintes ocres. Certains ne sont pas peints du tout et les détails sont rehaussés par le jeu naturel des teintes d’argiles différentes, de la plus claire à la plus sombre.

Les thèmes communément représentés sont des passages bibliques. Mais de nos jours, ils se sont diversifiés et peuvent aussi bien évoquer des scènes religieuses que des scènes de vie quotidienne, des traditions comme El Dia de los Muertos ou encore des thèmes personnalisés comme l’histoire d’une famille ou de personnages célèbres.

La création de l’arbre de vie dans la région centre du Mexique semble dater du 1^er millénaire environ av. J.C. Ce serait la conquête espagnole et l’évangélisation qui en a découlé qui aurait modifié le thème de ces sculptures, pour les remplacer par l’iconographie chrétienne.

Notre idée en visitant ce village est de rencontrer l’artisan qui fera l’arbre de vie sur mesure que nous avons imaginé comme souvenir de notre séjour au Mexique.

Mais avant de nous rendre aux ateliers que nous avons repérés, nous nous laissons le temps de visiter ce magnifique village. Nous avons de la chance, le ciel est dégagé et un beau soleil est de la partie. Dès notre arrivée, nous nous installons à la terrasse d’un café qui surplombe la place Juárez et le parc municipal.

La place Juárez est l’attraction principale avec son kiosque, sa fontaine et son pont aux centaines de cadenas qui n’est pas sans rappeler le Pont des Arts à Paris et ses milliers de cadenas « d’amour ». La sculpture de la Tlanchana, la fameuse sirène mythique de la région surveille les passants et agrémente cette décoration aquatique assez singulière.

Nous pourrions croire que visiter les villages magiques est un peu rébarbatif mais pas du tout  […] nous sommes à chaque fois étonnés, et ravis, de tant de variété et de tant de personnalité !

De là, nous avons également une superbe vue sur l’église del Calvario, sur la colline du parc municipal. C’est assez atypique. Une fois notre café bu, nous décidons d’arpenter les allées du parc pour monter jusqu’à l’église qui surplombe tout le village, et une fois en haut, quel spectacle ! Nous remarquons quelques bâtiments à l’architecture très particulière, nous voyons aussi l’église et ex-couvent de San Juan Bautista où ont lieu, en même temps, un mariage, et un enterrement ce jour-là… Nous profitons un peu de la vue et redescendons en flânant dans les rues jusqu’à l’heure de manger. Une fois restaurés (notre habituel sandwich club maison qui attend dans la glacière du coffre de la voiture), et après une petite pause bière en terrasse bien méritée, nous partons à la découverte des ateliers de terre cuite familiaux que nous avons repérés.

Malheureusement ce jour-là, très peu sont ouverts. C’est comme ça au Mexique, même si l’atelier indique qu’il est ouvert tous les jours, ils se peut que ce jour-là il en soit autrement. Et vu que les ateliers se situent pour la plupart dans les maisons familiales, il est délicat de demander de nous faire visiter, même si les habitants nous disent que l’on peut sonner.

En demandant justement au commerçant voisin de l’atelier « Arte en Barro », s’il sait à quelle heure ouvre l’atelier, ce dernier n’hésite pas à sonner et à héler le chef de famille à travers le portail. Nous sommes un peu gênés quand la mère de famille ouvre et nous dit que c’est fermé mais finalement, même si son époux n’est pas là et que personne ne travaille, elle a quand-même la gentillesse de nous ouvrir ses portes et de nous faire visiter l’atelier et la boutique, un lieu complètement atypique ! Elle nous explique que le grand-père a tout décoré, du sol à la toiture, avec des chutes et des ratés de cuisson, ce qui forme un ensemble chargé aux allures un peu baroques voir loufoques, mais très original !

Nous continuons notre visite vers le marché d’artisanat qui, en lui-même, est déjà à voir. Il est fait d’allées et de petites boutiques colorées, avec des arbres et une place, le tout formant une sorte de village miniature. C’est de loin le plus beau marché d’artisanat que nous ayons vu !

C’est ici que nous faisons connaissance avec le savoir-faire d’Asael. Sa boutique expose quelques œuvres d’arbres de vie mais aussi des figurines, et nous sommes frappés par le niveau de détails de ses peintures et de son travail. La vendeuse nous propose de l’appeler pour qu’il nous chiffre l’arbre de vie que nous souhaitons faire fabriquer. 10 minutes plus tard, Asael fait son entrée. Il nous propose de visiter son atelier familial qui se trouve à quelques rues, et sa boutique où sont exposées, telle une galerie d’art, ses plus belles œuvres. Nous acceptons bien entendu et nous terminons la journée avec lui. Il est très sympathique et accueillant, et nous montre les différentes étapes de son travail. A l’atelier, il ne fabrique pas seulement des arbres de vie. L’offre de Metepec ne se limite d’ailleurs pas à ça non plus. Il y a également aussi beaucoup de vaisselle, au style qui ne nous est pas inconnu mais dont les formes sont typiques de Metepec.

Une fois notre projet exposé et la visite terminée chez Asael, nous retournons vers la place Juarez en passant par la rue la plus commerçante de Metepec, l’avenue Ignacio Comonfort. Nous y passons rapidement car nous n’avons plus beaucoup de temps mais elle est sur notre liste pour notre prochaine visite.

Sur la place nous attend Julio, qui tient une échoppe ambulante, et chez qui nous avons réservé une belle poterie d’inspiration préhispanique. Nous gardons également contact avec lui pour d’éventuelles futures affaires.

Nous rentrons ensuite à Mexico, quelques cartes de visite en poche, et enchantés une fois de plus de notre journée. Nous remarquons sur le retour, que chaque pueblo magico que nous visitons a sa propre identité. Nous pourrions croire que visiter les villages magiques est un peu rébarbatif mais pas du tout ! Nous retrouvons bien entendu quelques similitudes, comme le kiosque sur le Zócalo (la place principale), ou les maisons colorées, mais nous sommes à chaque fois étonnés, et ravis, de tant de variété et de tant de personnalité.