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Guanajuato
Guanajuato
Cette ville coloniale à 4h de route de la capitale est l’une des plus belles du pays, et aussi des plus intéressantes à visiter en raison de sa richesse culturelle, historique, artistique et architecturale. Elle est le chef-lieu de l’État éponyme.
Elle a été fondée au XVIe siècle au moment de la découverte d’abondants filons d’or et d’argent dans ses sous-sols. Elle devient rapidement le plus important centre minier de la Nouvelle Espagne et marquera l’histoire par le rôle important qu’elle jouera lors de la Guerre d’Indépendance du Mexique. Déclarée au patrimoine mondial par l’UNESCO en 1988, elle fascine toujours autant avec ses dédalle de ruelles étroites, ses places ombragées, ses monuments colorés, ses rues souterraines et ses nombreux tunnels.
Elle accueille chaque année un des événements les plus connus du Mexique : le « Festival international de Cervantino » qui réunit à la fin du mois d’octobre des représentations théâtrales, musicales et littéraires, un peu comme notre festival d’Avignon.
Les lieux à visiter sont nombreux et c’est pour cela que nous décidons d’y séjourner presque une semaine entière en ce début d’année 2022.
Nous arrivons le mardi et repartons le dimanche. Nous louons un joli loft proche du centre, et nous savons qu’il est très difficile de se repérer dans cette ville labyrinthique. Heureusement notre hôte prépare bien notre arrivée avec des photos de l’itinéraire à suivre. Guanajuato est construite sur un gruyère de tunnels, l’ancienne ville minière ne fait pas de cadeaux aux visiteurs et le GPS perd très vite le signal dans ce dédale de souterrains qui s’enchaînent dès l’arrivée ! Il faut être bien préparé et c’est pour cela que le parcours est jalonné de « guides » locaux qui hèlent les voitures à leur passage pour les accompagner, moyennant quelques pesos.
Nous n’en avons heureusement pas besoin, nous trouvons très facilement notre destination grâce à nos photos imprimées à l’ancienne 😂. Finalement ici, être « connecté » ne sert pas à grand-chose et le bon vieux plan est le bienvenu ! Ceci dit nous ne faisons pas les malins et à peine la voiture garée, nous savons que nous ne la reprendrons que dimanche pour le retour 😂 !
Nous décidons donc de descendre juste après nous être installés explorer le centre-ville qui se trouve à 5 minutes à pied, pour trouver quelques provisions. Nous ne nous sentons vraiment pas d’aller au supermarché en voiture de peur de ne pas retrouver notre chemin ! Nous découvrons ainsi la merveille architecturale qu’est Guanajuato, ses ruelles, ses ponts, ses souterrains, ses places, le Jardín de la Unión et son kiosque, un espace très accueillant où vous pouvez flâner, vous reposer sur un banc ou vous attabler à une terrasse à l’ombre de ses arbres taillés au cordeau, en écoutant les groupes de mariachis.
Très vite nous comprenons que nous ne pourrons pas vraiment cuisiner cette semaine, les superettes du centre sont, comme bien souvent, très petites, et l’essentiel de la marchandise est bière / chips / sodas. Nous nous rendons donc au Mercado Hidalgo, qui mérite une petite visite ne serait-ce que pour le lieu : situé dans une grande halle surplombée d’un clocher comme une église, les étals de babioles, de nourriture, d’épices s’enchaînent sur 2 étages et continuent à l’extérieur, où se trouve aussi toute une zone pour manger sur le pouce. Nous achetons quelques fruits et légumes pour compléter ce que nous avons amené, mais nous évitons les produits frais, car la chaîne du froid n’est déjà pas toujours respectée dans les supermarchés alors ici ! La viande est étalée là, presque sans aucune protection et bien entendu pas réfrigérée. Avec nos estomacs fragiles d’Européens aseptisés, nous préférons ne pas tenter le diable 😂. Finalement, cela nous permet de profiter davantage de l’offre gastronomique de la ville et de découvrir des restaurants sélectionnés pas nos guides et/ou conseillés par nos hôtes, installés dans des lieux cachés absolument magnifiques.
Nous découvrons comme cela 2 restaurants français : « La Vie en Rose » et « La table d’Andrée », des références ici. Mais aussi un snack-bar « La Notaria », installé sur un toit-terrasse des plus accueillant, et surtout « La Casa del rector ». Cet hôtel/boutique compte également un restaurant gastronomique dans un patio incroyable et un bar en rooftop avec piscine à débordement, cocktails et une des meilleures vues sur Guanajuato.
Côté bars, nous ne sommes pas en reste non plus. La vie nocturne est très riche et nous essayons plusieurs références, orientées par nos hôtes : les bars de la Notaria et de la Casa del rector nous verrons plusieurs fois pour profiter de la vue au coucher du soleil. Nous essayons aussi les bières artisanales de la « Cerveceria la Inundación de 1905 » sur la plaza San Fernando, les toit-terrasses des bars branchés le Dada et le Golem, et le pub plus rock juste en bas de chez nous, la Nota Negra où nous finissons cette tournée découverte.
Pour finir sur la gastronomie, nous avons la chance de goûter aux cafés fraichement torréfiés du « Café Conquistador ». Un lieu tout petit mais qui possède plusieurs succursales dans la ville, et où il est très agréable de prendre son café, moka ou autre à emporter.
Niveau boutiques, il y a de quoi faire là encore, mais l’artisanat ne nous plaît pas vraiment. C’est, pour l’essentiel, de la céramique mayólica héritée des Espagnols, qui ressemble beaucoup à la Talavera de Puebla mais avec des motifs qui, pour nous, font un peu vieux (sans vouloir dénigrer). Ce n’est tout simplement pas à notre goût. Nous trouvons par contre quelques pièces de la céramique que nous aimons tant du Michoacán dans la boutique « La casa del Quijote », et là nous nous faisons plaisir.
Nous découvrons aussi par hasard l’atelier/boutique des artistes mexicains que nous adorons, Jainite Silvestre et el Pinche Grabador, et la lithographie de Jainite pour laquelle nous avions eu un coup de cœur lors de notre visite à San Miguel, la ville voisine, en 2019, la « DIOSA INFINITA ». Ces artistes sont spécialisés dans l’estampe et la gravure. Nous apprenons que Jainite Silvestre est originaire de la ville et qu’elle est diplômée de l’Université de Guanajuato où elle travaille et vit encore. Son style est très personnel et nous le reconnaissons entre 1000. Elle crée des personnages fantastiques très graphiques, souvent des femmes, inspirés de la culture préhispanique. Ses œuvres sont très touchantes et chaque portrait raconte une histoire. Nous visitons d’autres ateliers de gravure intéressants, cette ville est un vivier d’artistes, mais les œuvres ne nous émeuvent pas autant.
Guanajuato doit probablement cette tradition artistique à l’une de ses curiosités : la colossale Université construite récemment dans un style néoclassique, qui en impose littéralement. Elle est très réputée pour ses sections de droit et de matières artistiques. Elle se visite habituellement mais est fermée pendant notre séjour car ce sont les vacances scolaires. C’est dommage mais nous pouvons au moins l’admirer de l’extérieur et nous sommes impressionnés par un tel monument et cet immense escalier qui mène à l’entrée, en plein cœur de ville.
Décidément, l’État du Guanajuato recèle bien des trésors !
Concernant les visites culturelles justement, l’offre est pléthorique… pour notre plus grand plaisir !
Nous commençons par la vue panoramique et le monument imposant qui surplombe la ville :
Le Pípila
Dès le premier jour, au détour du Jardín de la Unión, nous remarquons cette sculpture immense, tout en haut d’un des sommets de la ville, d’un homme brandissant une torche à travers le ciel. Nous y accédons par une montée, courte mais costaud, en funiculaire. Ce monument domine Guanajuato et offre une vue panoramique spectaculaire. Il ne faut pas oublier que nous sommes à 2000 mètres d’altitude et cette ville dense prise dans les montagnes, vue d’en haut, est encore plus impressionnante. La sculpture monumentale semble être le gardien des lieux. Elle représente un héros de la guerre d’Indépendance, le mineur Juan José de los Reyes Martínez, surnommé el Pípila. En 1810, il mit le feu à la porte du bâtiment de l’Alhóndiga de Granaditas (grenier à blé) où s’étaient réfugiés les Espagnols, ce qui permit à l’armée d’Hidalgo de prendre la place et de remporter la victoire. Il s’y serait rendu portant une plaque de pierre sur le dos pour se protéger des balles adverses, et son acte héroïque restera dans les mémoires. La sculpture est déjà immense d’en bas mais quand on se retrouve à ses pieds, elle en impose carrément.
On peut redescendre en marchant mais ayant déjà testé le labyrinthe de ruelles, et n’ayant pas trouvé comment nous rendre là où on voulait aller, nous préférons reprendre le funiculaire.
A l’arrivée, nous continuons les visites par le lieu qui, personnellement, m’a le plus marquée :
Le théâtre Juarez
Depuis sa construction au XIXe siècle, il s’est imposé comme le lieu des plus grands événements culturels et artistiques du Mexique, mais aussi d’Amérique latine. Son style est un vrai mélange des genres, très éclectique. On retrouve des colonnes grecques ornées de lyres et de masques de théâtre en bronze, une entrée flanquée de balustrades, de lampadaires et de statues de lion en bronze, des guirlandes en bas-relief entourant le nom du lieu, le tout dominé par une splendide balustrade où se dressent les statues en bronze de 8 des 9 muses grecques.
A l’intérieur, le vestibule donne le ton avec ses 12 colonnes supportant une toiture de verre et d’acier. On accède ensuite à la salle de spectacle par des portes battantes à persiennes. L’extérieur et l’entrée sont déjà impressionnants mais quand on entre dans cette salle en forme de fer à cheval, on reste scotchés par le décor. La scène, les différents niveaux, les garde-corps, les luminaires, les loges, elle est entièrement sculptée et peinte. Le décor est de style dit Néo-Mudéjar, ou hispano-musulman. Les arabesques, fers à cheval, boucles, losanges et autres formes géométriques s’entremêlent sur les stucs peints et donnent à l’ensemble un aspect très baroque, festif et moderne à la fois.
Un guide nous explique l’histoire du lieu et nous profitons de ce moment pour rester assis dans la salle, à admirer tout cela. Nous aurions aimé assister à une pièce mais rien n’est programmé lors de notre séjour. La dernière fois que nous étions restés aussi admiratifs devant une salle de spectacle, c’était lors de notre visite à St-Pétersbourg en Russie, où nous avions assisté au Lac des Cygnes au théâtre Mikhailovsky. Un lieu tout aussi enchanteur…
Le lendemain, direction la maison natale de Diego Rivera :
La Casa Museo Diego Rivera
La maison d’enfance du peintre est aujourd’hui un musée. Elle est organisée autour de 2 patios et sur 3 étages. Elle présente une centaine d’œuvres de Diego Rivera et cela nous donne une meilleure vue sur son travail, car nous connaissons surtout ses muraux. Grâce à ce musée, nous découvrons sa période cubiste, ses portraits, ses natures mortes, ses croquis, ses travaux préparatoires pour ses fresques, mais aussi ses dessins préhispaniques réalisés pour un journal.
Il a eu de nombreuses phases dont nous n’avions pas vraiment connaissance.
Avant de rentrer, le soir, nous faisons un détour par la basilique Nuestra Señora de Guanajuato, un des monuments les plus emblématiques de la ville. Elle partage la plaza de la Paz avec le palais législatif et le palais del Conde Rul y Valencia, datant du début du XIXe siècle.
La basilique Nuestra Señora de Guanajuato
Construite au XVIIe siècle, elle se détache dans le paysage par sa couleur jaune vif, ses coupoles, et son imposante architecture. De style baroque, sa riche décoration intérieure en fait l’une des plus belles églises de la région. Nous ne nous attardons pas car une messe y est célébrée mais nous prenons quand même le temps d’en faire le tour.
Sur la route, nous passons également par le Templo de la Compañía et nous y arrêtons admirer sa façade du XVIIIe siècle entièrement sculptée.
Nous consacrons notre dernier jour de visite au musée régional de Guanajuato :
La Alhóndiga de Granaditas
Le musée régional de la ville se situe dans l’ancienne halle au blé (Alhóndiga de Granaditas), construite au XVIIIe siècle. C’est un grand bâtiment rectangulaire en pierre de style néoclassique, très épuré, dont les salles sont distribuées sur 2 étages autour d’un patio à colonnades.
Ce lieu est avant tout un symbole au Mexique, puisque c’est ici que s’est déroulé l’acte héroïque du Pípila décrit plus haut. Cette période est d’ailleurs racontée sur une grande fresque de l’artiste José Chávez Morado, sur les murs des escaliers. Une salle est aussi consacrée à la mémoire des héros Hidalgo, Morelos, Jiménez, Allende, Aldama et Guerrero.
Les autres salles présentent les Arts et Coutumes de Guanajuato, des pièces préhispaniques dont une belle collection de sceaux, des objets d’art mésoaméricains, des céramique Chupícuaro, une culture préhispanique de l’État du Guanajuato que nous découvrons, et d’autres documents, peintures, cartes, qui ont marqué l’histoire du pays et de la région.
En fin de journée, nous prenons un billet pour assister à la session de 19H des fameuses Callejoneadas.
Les Callejoneadas
Cette tradition populaire viendrait d’Espagne. Vêtus de costumes espagnols du XIXe siècle, un groupe d’étudiants (et d’anciens étudiants), propose de le suivre dans les ruelles de la ville, au son de ses chants, contes et histoires drôles !
Le trajet est jalonné de pauses pour profiter de la musique, acheter un « cantarito » avec un cocktail au choix, ou encore écouter les histoires en lien avec les légendes urbaines locales. Le défilé prend des allures de fête populaire et le public reprend en chœur les chansons, participe aux blagues et même aux danses !
Au bout d’une bonne heure, la déambulation prend fin au Callejón del Beso (passage du baiser), un lieu très fréquenté malgré son étroitesse : à peine 70cm. Cet endroit est si populaire que les couples font la queue pour s’embrasser ici. La troupe vous raconte une légende amoureuse et vous devez vous embrasser à la 3e étape. Si vous le faites, vous aurez 15 ans de bonheur, si vous ne le faites pas… 7 ans de malheur ! Nous arrivons déjà difficilement à nous y frayer un chemin pour repartir, alors s’y arrêter et s’embrasser, c’est quasiment mission impossible !
Nous ressortons conquis de cette drôle d’expérience car en plus d’être originale, c’est aussi une manière festive et bon enfant de découvrir, sans se perdre, les ruelles étroites du centre.
Nous repartons le dimanche avec un petit pincement au cœur. Ce n’est pas la première fois vous me direz mais cette fois nous semble différente. Nous nous sommes vraiment imprégnés de la ville, nous avons pris le temps pour tout et nous y sommes très bien sentis. Notre logement y a été aussi pour beaucoup car très agréable mais cela a été un tout, un ensemble d’éléments qui nous a fait complètement adopter Guanajuato. Décidément, cet État recèle bien des trésors !
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