Querétaro

Querétaro

Dès notre retour de France, début octobre, nous décidons de passer notre dernière semaine de vacances à Santiago de Querétaro, chef-lieu de l’État de Querétaro, à 2H30 de voiture de Mexico.

Querétaro, de son nom courant, est une ville coloniale déclarée Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO en 1996. C’est un bon exemple de mélange entre un village typique et une colonie espagnole. Le centre historique est un vrai trésor d’architecture coloniale, de bâtiments colorés, de rues tranquilles, de jardins, de places ombragées, de boutiques et de restaurants, où s’écoule tranquillement la vie quotidienne des habitants.

Notre location est très bien située, au calme au fond d’un patio joliment arboré, et le centre-ville est accessible à pied. Dès notre arrivée le lundi, nous déposons rapidement nos affaires et partons découvrir les rues du centre. Les magnifiques places aux arbres parfaitement taillés s’enchaînent et sont reliées entre elles par de jolies rues et ruelles pavées.

Au détour de l’une d’elles, le passage « Matamoros » attire tout de suite notre attention : installées là, le long de ce petit couloir, des terrasses de bars ensoleillées n’attendent que nous. Il émane de cet endroit une sérénité apaisante : le sourire et l’amabilité des serveurs, la bonne musique, le soleil, la bière… en cet instant, tout est parfait !

C’est ici que nous apprenons que Querétaro est la capitale du fromage de chèvre… incroyable ! Nous qui pensions 1 heure avant encore que le seul fromage qui existait au Mexique était le très insipide Quesillo de Oaxaca… Là, nous prenons une planche de fromages locaux pour accompagner notre bière, et nous ne sommes vraiment pas déçus. Nous nous disons d’ailleurs que si nous le pouvons, nous reviendrons lors d’un autre séjour pour faire les circuits de la route des vins et des fromages de la région, car ils produisent aussi du vin, et ceux que nous avons goûtés nous ont beaucoup plu. C’est une excellente surprise, car nous ne connaissions pas la gastronomie de Querétaro avant de venir.

Le lendemain matin, nous perdons la matinée à régler avec notre hôte les imprévus du logement : pas d’eau chaude, pas d’internet, un lit extrêmement dur, bref… les aléas de la location chez l’habitant ! Rien de grave finalement, nous trouvons une solution à tout. Nous continuons donc notre exploration du centre historique de Querétaro l’après-midi.

Il y a peu d’artisanat ici, et je l’avoue, nous sommes un peu déçus. Nous pensions trouver une certaine sorte de céramique que nous avions repérée au marché de la Ciudadela à Mexico, mais non. Du moins pas au début du séjour. Nous découvrons un peu de vannerie, des chaussures en cuir style cowboys, le travail de la pierre volcanique et beaucoup de poupées de chiffons que nous pensions être une spécialité de Oaxaca. En semaine, les rues du centre-ville sont calmes et peu animées. Mais dès le vendredi, nous constaterons que de nombreuses boutiques éphémères vendant toute sorte de babioles, s’installent les unes sur les autres dans les ruelles, car Querétaro est une des destinations préférée des « capitalinos » (comprenez des habitants de la capitale), pour passer leurs fins de semaines.

Le lendemain mercredi, nous nous consacrons de nouveau à Querétaro pour prendre un petit-déjeuner au très réputé « Café Breton » au centre historique, tenu par un Français dont l’épouse est Mexicaine. Tout y est délicieux : de « vrais » pains au chocolat et croissants au beurre, fruits frais, pain, le restaurant est aussi bien fréquenté par les locaux que par les touristes, et il y a la queue à partir d’une certaine heure ! Heureusement nous y allons tôt, car nous avons prévu ensuite de prendre la voiture pour nous éloigner un peu du centre et nous rendre dans le quartier « Hércules », dans une ancienne fabrique de tissus.

Nous nous rendons dans cet endroit à la suite d’une découverte que nous avions faite dans un magasin de décoration d’intérieur de Polanco appelé Dupuis. Cette boutique vend quelques pièces uniques d’un artisanat local très particulier : des créations évoquant des colliers ou des nattes de coton, à poser ou à accrocher au mur, que nous avions adorées ! Le style est unique, et nous nous rendons compte que c’est ici, à Querétaro, dans cette ancienne usine textile, que se trouve l’atelier de « Caralarga ».

Nous quittons « Hércules » avec un petit pincement au cœur tellement le moment que nous y avons passé était riche en découvertes !

Nous arrivons dans un lieu magique, un peu difficile d’accès, au cœur d’une haute enceinte aux murs rouges impressionnants. Les ateliers mêlent pierre brute aux murs et ciment au sol, portes d’usine à galandage et immenses baies vitrées au châssis en fer, l’endroit est sublime.

L’ancienne fabrique abrite plusieurs ateliers, et une brasserie immense. Nous commençons par Caralarga.

Caralarga est un atelier de design et de production textile, inspiré des matières premières de la nature. Ils fabriquent aussi bien des vêtements que des bijoux, mais ce qui nous intéresse est la section décoration d’intérieur et leurs fameux « bijoux textiles muraux ». Tout est fait essentiellement à partir de fil de coton brut et de déchets textiles jetés en raison d’erreurs de tissu. Ils travaillent aussi avec des fibres végétales et de la corne de taureau recyclée. Leurs créations sont vraiment exceptionnelles. Ils nous expliquent qu’ils travaillent avec plusieurs Directeurs artistiques, selon les demandes et les projets.

Nous savions ce que nous voulions mais en arrivant dans l’atelier, où un petit espace showroom est réservé au milieu des commandes en attente d’être expédiées, des petites mains qui fabriquent en direct, des administratifs et des créatifs qui travaillent sur leurs planches, nous sommes emportés et nous ne savons plus où donner de la tête. Nous hésitons longtemps avant de commander notre œuvre d’art textile, la Novia, qui ressemble presque à un long collier rituel africain, noir et écru. Nous repartons émerveillés par ce travail, ces matières, ce lieu, et ces designs !

Nous continuons la visite par le torréfacteur « Alta Nota café ». Nous rencontrons José, qui nous explique un peu le concept, et surtout qui nous propose une dégustation. Bien entendu nous acceptons, et nous choisissons de goûter 3 sortes de café : le café « star » de la marque, le Marago, un mélange puissant du Chiapas ; le café « Présidentiel » ; et leur spécialité, le café de Veracruz torréfié au Bourbon. Et là, nous sommes conquis ! Un Irish coffee sans alcool 😁 !

Ils font la même chose au Cognac, au vin de Bordeaux et au Scotch, mais c’est vraiment avec le Scotch ou le Bourbon que cela prend tout son sens. Nous nous rendons compte que nous ne connaissons rien au café, et que c’est affaire de spécialiste. Nous apprenons notamment que selon la torréfaction du grain, la même variété peut être plus ou moins amère, ou encore qu’un grain ne doit pas être trop noir en fin de processus bref, nous nous enrichissons beaucoup au contact de José et repartons avec ses coordonnées, pour de futures commandes et/ou explications sur le café.

Le dernier atelier que nous visitons est la fabrique de savons artisanaux « Oliva 60 ». Nous n’avons pas droit aux explications cette fois, tout le monde semble trop concentré sur sa tâche, mais nous les regardons un peu travailler. Ensuite, nous essayons plusieurs variétés de savons liquides pour les mains, et repartons avec celui à la Verveine, un mélange d’ingrédients naturels qui laisse la peau toute douce.

Nous quittons « Hércules » avec un petit pincement au cœur tellement le moment que nous y avons passé était riche en découvertes ! Nous rentrons au centre-ville et terminons la journée avec la visite du centre culturel CEDAI – Centre de développement de l’artisanat autochtone – et un dernier détour au passage Matamoros pour une petite mousse.

Le jeudi est la plus belle journée de la semaine et nous décidons de la consacrer à la visite du Pueblo Magico Peña de Bernal, juste à côté de Querétaro. Le village est connu pour son monolithe d’environ 350 mètres de haut, la peña, vieux de 10 millions d’années, considéré comme le 3^è plus grand au monde après le Rocher de Gibraltar en Espagne et celui du Pain de Sucre au Brésil. La vue depuis le village est spectaculaire… et le village en lui-même l’est tout autant !

Nous sommes tout de suite conquis et emportés par la beauté du lieu, plein de couleurs extraordinaires, son château avec sa tour et son horloge, son église, ses rues… Tout semble être hors du temps ici, et nous nous croirions dans un village imaginaire tout droit sorti d’un conte pour enfants. Nous qui croyions avoir tout vu avec San Miguel de Allende, qui est l’un des plus beaux villages que nous ayons eu la chance de visiter, nous voilà encore littéralement scotchés.

Nous y arrivons vers midi et en nous dirigeant vers le centre du village, nous tombons sur une boutique vendant la fameuse céramique que nous cherchions. Nous comprenons alors pourquoi nous ne la trouvions pas : ce n’est pas de la céramique en fait mais une sorte de plastiline naturelle, qu’ils appellent « Arcillia », et un seul atelier en fabrique avec très peu de points de vente. Nous découvrirons celui de Querétaro le vendredi du coup, et repartons de la boutique de Bernal avec un joli masque fabriqué en un seul exemplaire.

En sortant, nous allons directement manger avant que les terrasses ne soient envahies à 14H. Nous nous attablons sur le toit-terrasse du restaurant Tierracielo, face à la peña et à la place centrale et waouh… quelle vue !! Le ciel d’un bleu profond d’où se détache cet immense rocher qui semble sortir de nulle part, cette végétation bien verte au pied et les bâtiments aux couleurs vives du village, nous y croyons à peine. Que choisir d’autre dans ce contexte pour commencer le repas qu’une bonne Tequila Sunrise ? Nous profitons de notre « comida » mexicaine tout en admirant la vue, à l’ombre des parasols du toit-terrasse où la chaleur est « juste comme il faut ». Encore un moment inoubliable !

Après le repas, nous marchons jusqu’au pied de la peña, que nous n’arpenterons pas cette fois car nous n’avons pas prévu l’équipement nécessaire. Nous admirons la vue sur le village avant d’y redescendre en « touc-touc », ces mobylettes locales à 3 ou 4 places dont la stabilité nous tient en tension tout au long de la route, accrochés aux sièges dans un mélange d’excitation et d’adrénaline à chaque bosse ou virage 😨.

Nous terminons notre journée en flânant dans les ruelles pour admirer l’architecture et la vue sur la peña, et prenons un petit goûter crêpe au chocolat / café sur le toit-terrasse du « Mas Café », pour bien nous imprégner une dernière fois de cette vue splendide.

Le lendemain, nous ne sommes toujours pas remis de nos émotions et c’est sur l’image de la Peña de Bernal que nous partons visiter l’autre Pueblo Magico voisin, Tequisquiapan.

Le village est très pittoresque aussi, mais nous sommes bien moins impressionnés. Sa place centrale, la plaza Miguel Hidalgo, est entourée d’arcades et dispose d’une église, la Parroquia Santa María de la Asunción, d’une agréable fontaine et d’un kiosque. Mais rien que nous n’ayons déjà vu. L’atmosphère y est très calme et tranquille, les gens se promènent en famille et s’arrêtent çà et là dans les boutiques qui bordent le Zócalo.

Nous apprenons que Tequis, pour les intimes, est le village de la vannerie. Nous découvrons le travail des artisans au Marché d’artisanat et à la Casa del Artesano, mais nous voudrions en savoir plus. Nous nous rendons donc à pied, à 20 minutes du centre, dans le quartier « el Barrio de la Magdalena » où se situent les ateliers (le « corredor artesanal »). Mais la pandémie est passée par là et peu d’ateliers sont ouverts.

Nous sommes tout de même accueillis très gentiment chez « Artesanias Clarita », par le père de famille Martín. En plein travaux domestiques avec son épouse, il nous ouvre les portes de son atelier avec un grand sourire et se démène pour épousseter les sièges et nous faire un peu de place afin de nous parler de son travail, nous montrer quelques œuvres et son book.

Il est spécialiste du tressage de personnages en rotin. Et son savoir-faire en la matière est reconnu, il a reçu plusieurs prix. Il nous raconte justement une anecdote assez drôle sur l’un des prix qu’il a reçu :
« Un jour, j’ai fait un personnage mi-homme mi-jaguar, mais il ne me plaisait pas. Je l’ai donc jeté dans le champ, là, en face de chez moi, et je l’ai laissé là, pourrir, durant presque un an. Ma mère n’arrêtait pas de me dire : « Martín, pourquoi tu l’as jeté ? Tu n’aurais pas dû ». Alors un jour, je décide de retourner le chercher dans le champ d’où il n’avait pas bougé. J’ai découpé le visage car il avait pourri, j’en ai refait un à la hâte et je l’ai collé à la place de l’autre. Je l’ai présenté, et j’ai gagné un prix ! » nous raconte-t-il en riant, nous montrant par là toute son humilité et son humour. Nous le remercions pour l’accueil et la visite, puis nous finissons le tour du quartier avant de rentrer au centre-ville.

Nous terminons la journée par un dernier tour au marché artisanal pour quelques achats et quelques cartes de visite. Puis nous rentrons à Mexico le lendemain, au moment où Querétaro se gorge de Capitalinos venus en nombre pour passer le week-end.